Ni art ni culture, d'Isabelle Nail
Notre collègue Isabelle Nail, praticienne de la psychologie analytique exerçant à Dax, a récemment publié un ouvrage sur la corrida que nous avons lu avec un très grand intérêt.
Elle sait de quoi elle parle, ayant été confrontée aux pressions du mundillo, le petit monde de la corrida, en tant que conseillère municipale d'une ville taurine du Sud-Ouest de la France.
Le titre "Ni art, ni culture" est une formule couramment employée par les opposants à la corrida, en France comme dans les pays hispanophones (Ni arte, ni cultura), en référence aux sempiternelles justifications des aficionados (la dimension esthétique et la tradition culturelle).
Isabelle Nail a vu le jour en Anjou. Son livre commence par "Il serait sans doute juste de dire que rien ne me prédestinait à m'intéresser un jour au sort des 'taureaux de combat' ". Et elle y détaille la trajectoire personnelle qui l'amène à conclure "J'ai la conviction, en refermant mon livre, que la corrida fait partie des traditions indignes de l'homme et que la poignée de protestataires du début devient un ample mouvement destiné à grandir encore jusqu'au jour de l'abolition."
C'est aux arènes d'Arles qu'elle fit la connaissance avec la corrida. Elle y était entrée un jour par ignorance, avec ses deux jeunes enfants, et en était partie avant la fin.
Mais c'est dans un second temps qu'elle s'investit pour l'abolition de la corrida, à partir des municipales de 2008 à Dax, où elle intégra la liste des Verts. Elle adressa d'abord à l'approche des fêtes taurines en 2009, au maire et aux trois élus Verts, un article questionnant le fait d'être aficionado.
Puis elle fut amenée à entrer au printemps 2013 au Conseil municipal de Dax, où son engagement contre la corrida lui valut des ennuis croissants, ainsi qu'à deux de ses collègues EELV. Le maire PS de Dax, Gabriel Bellocq, commença par les admonester, puis finit par les exclure en septembre 2013 !
Isabelle Nail retrace ainsi ses expériences personnelles, mais apporte aussi maints éclairages théoriques. Il est bien sûr question de l'attention éthique qu'on tend à accorder aux animaux sensibles dans nos sociétés actuelles. Sont également abordées la psychologie des aficionados, ou les trajectoires biographiques des toreros (ou des toreras). L'impact psychologique du spectacle de la corrida chez les mineurs est naturellement évoqué. Signalons d'ailleurs que l'ouvrage est préfacé de façon très convaincante par le Pr Hubert Montagner, spécialiste de l'enfance. Et l'auteure retrace le symbolisme du taureau à travers les mythologies et les cultures, sujet que d'ordinaire les aficionados se réservent.
On pourra également prendre connaissance d'une interview d'Isabelle Nail ici, et lire quelques articles d'elle sur la question là.
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