Geneviève Darrieussecq nommée ministre de la Santé...

Publié le par PSY

Le choix de Geneviève Darrieussecq comme ministre de la Santé se heurte à ses prises de positions malvenues sur la corrida en tant que membre du gouvernement.

Après la dissolution de l'Assemblée nationale le 9 juin 2024 par Emmanuel Macron, les législatives anticipées fin juin et début juillet, et la nomination de Michel Barnier comme Premier Ministre le 5 septembre, la composition du nouveau gouvernement a été annoncée le 21 septembre 2024.
Celle-ci suscite de virulentes critiques sur le plan politique, mais ceci ne relève pas de notre domaine.
Nous allons nous en tenir à la nomination de Mme Darrieussecq.


► À titre personnel, Mme Darrieussecq a toujours été férue de corrida et militante pro-corrida.
Quoi qu'on en pense, ça la regarde.


► Dans le cadre, depuis 2004, de ses différentes fonctions d'élue locale ou de députée, Mme Darrieussecq a toujours été férue de corrida et militante pro-corrida
Toutes ses fonctions ont été centrées sur Mont-de-Marsan, que ce soit en tant qu'élue locale (elle a entre autres été maire, de 2008 à 2017, de Mont-de Marsan, qui loge l'une des 7 arènes françaises dites de "1ère catégorie", et a d'ailleurs été dans ce cadre présidente de l'Union des Villes Taurines Françaises de 2010 à 2014) ou en tant que députée (elle est députée de la 1ère circonscription des Landes, qui inclut Mont-de-Marsan, même si un député est censé représenter "la Nation tout entière").

Là encore, même si on trouve cela affligeant sur le plan éthique, on va dire que c'est son droit.  Un(e) élu(e) local(e) ou parlementaire peut mettre en avant ses opinions, ses croyances, ou ses inclinations dès lors qu'elles ne contreviennent pas à la loi, ce qui est hélas encore le cas. 
A propos d'élections et de représentativité électorale, rappelons en passant que Mme Darrieussecq a été réélue lors des dernières législatives, comme beaucoup de candidats du groupe Ensemble, grâce au désistement de la candidate Nouveau Front Populaire (afin de faire barrage à la candidate Rassemblement National). 


Lors de ses fonctions gouvernementales, depuis 2017, Mme Darrieussecq a toujours été férue de corrida et militante pro-corrida.
   ● En juillet 2017, 
alors qu'elle venait d'être nommée un mois plus tôt à son premier poste gouvernemental, à savoir Secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, elle avait tenu à médiatiser sa présence aux corridas des "Fêtes de la Madeleine" de Mont-de-Marsan, où elle avait même jeté la "clé" symbolique (qui permet aux "alguazils", les cavaliers en charge du règlement, de faire ouvrir le "toril", les compartiments où sont enfermés les taureaux avant la corrida).


   ● En août 2019, alors qu'elle était toujours Secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, Mme Darrieussecq présidait au palco (loge) d'honneur une corrida à Dax. 

Ceci avait généré une polémique relayée par les médias (cf par exemple ici, ici, ici).
Un membre du gouvernement est libre de mener sa vie privée comme il l'entend, mais la corrida étant un sujet particulièrement clivant et faisant l'objet d'un rejet d'une majorité de Français, certaines conduites peuvent nuire à la concorde.

D'ailleurs Manuel Valls, bien que zélateur de la corrida, avait en août 2014, alors qu'il était Premier ministre, demandé à ses ministres de ne pas s'afficher dans les arènes.

Et Éric Dupond-Moretti, autre adorateur de la corrida s'il en est, a quant à lui mis de côté sa frénésie durant sa fonction de ministre de la Justice (depuis juillet 2020 jusqu'à l'actuel gouvernement Barnier). Ceci même s'il a certainement œuvré en coulisse pour contribuer à faire échouer la proposition de loi visant à abolir la corrida d'Aymeric Caron en novembre 2022 ; et même si à cette occasion il a réaffirmé publiquement son soutien à la corrida, bien entendu au nom de la "liberté".


   ● Mais c'est en octobre 2019, à l'occasion de l'annonce de la proposition de loi de Samantha Cazebonne (députée LREM) visant à protéger les mineurs des corridas, que Geneviève Darrieussecq a franchi la ligne rouge. Alors qu'elle était toujours Secrétaire d'État auprès de la ministre des Armées, elle a exprimé son opposition à cette proposition de loi et a asséné que le gouvernement n’avait aucune intention de porter une initiative en ce sens. Or, vu son poste, elle n'avait aucune légitimité à s'exprimer sur le sujet.
Et elle a exprimé son soutien à une manifestation organisée le lendemain à Dax par une association locale de défense de la tauromachie !
Voir cet article de Sud-Ouest

Sud Ouest - 12 oct 2019


 

 

 

 


Et voir cet article de France Bleu :

France Bleu - 12 oct 2019

 

 

 

 

 

 

Il s'agit quand même d'un surprenant écart à la réserve qu'on pourrait attendre d'une secrétaire d'État aux Armées ! Un membre du gouvernement est nommé pour représenter l'ensemble des Français, et doit éviter les interventions publiques sur des sujets sensibles qui ne relèvent pas de sa fonction.

Quant aux "arguments", on peut lire dans l'article de Sud-Ouest
   « En tant que mère de famille, je suis navrée que l’on puisse considérer que des gens qui vont aux arènes sont irresponsables. Les aficionados sont quand même des gens bien équilibrés, qui savent ce qu’ils font. J’ai rarement vu un enfant de moins de 16 ans dans les arènes sans ses parents. On ne peut pas imposer à des parents, qui veulent transmettre leur culture, de nier leur autorité parentale. »
   « Il faut arrêter d’embêter les gens sur leur territoire. Dans les Landes, entre la chasse, le gavage, la corrida… tout ça, c’est un art de vivre. » 
   « Il est important de défendre notre culture. Cette action est légitime, j’en suis solidaire. »

Et dans l'article de France Bleu
   « les parents sont les seuls à même de savoir ce qu'ils doivent transmettre à leurs enfants et le faire en toute liberté »
   « il est important de transmettre notre Culture. »


Mme Darrieussecq brandit donc le sempiternel argument de la liberté et l'autorité parentale. Le collectif PROTEC a déjà abordé cet aspect. Et ce faisant, elle semble méconnaître les recommandations du Comité des droits de l'enfant à la France en 2016.  Ce comité de l'ONU, officiellement chargé de vérifier dans chaque pays le respect de la Convention internationale des droits de l'enfants (CIDE), ratifiée par la France en 1990, a expressément recommandé à la France de tenir les mineurs à l'écart des corridas.

► A moins qu'il ne s'agisse d'une distraction de sa part. En effet, Geneviève Darrieusecq a déjà montré qu'elle pouvait être distraite, puisque suite à sa nomination comme secrétaire aux Armées en juin 2017, dans sa déclaration patrimoniale auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), elle avait estimé ses parts dans une SCI au quart de leur valeur (25 000 € au lieu de 106 268 €). La HATVP avait dû lui demander de rectifier :

HATVP - 18 août 2017
HATVP - 4 déc 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Heureusement, dans le nouveau gouvernement Barnier se trouve Didier Migaud, qui présidait la HATVP depuis 2020. Il pourra peut-être reprendre Mme Darrieussecq si elle est à nouveau sujette à la distraction en tant que ministre de la Santé, vu le nombre, l'importance et la complexité des problèmes à régler...

Et par ailleurs Didier Migaud remplace donc Éric Dupont-Moretti comme ministre de la Justice. Ce dernier va enfin pouvoir à nouveau donner libre cours à sa passion pour la corrida, grand bien lui fasse !

La santé mentale ?
Le Premier ministre Michel Barnier a annoncé hier 22 septembre 2024 au soir « je voudrais que la santé mentale soit la grande cause nationale en 2025 ».
On ne peut que souhaiter que cette annonce ait enfin des répercussions concrètes.
Mais avec la nomination d'une ministre de la Santé qui jouit de voir supplicier des bovins, qui exige qu'on puisse transmettre cette jouissance aux enfants, et qui l'a revendiqué en tant que membre du gouvernement, on peut légitimement se poser des questions.

 

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C
’exposition des enfants aux corridas occasionne de nombreux effets néfastes sur leur développement moral, affectif et cognitif, et notamment une réaction de choc provoquant déni et peur et pouvant entraîner un traumatisme durable ; un conflit de loyauté envers leurs parents, ce qui poussera les enfants à occulter leur désir de compassion pour la victime animale ; un affaiblissement du sens moral, en découvrant que la violence envers autrui est autorisée et même souhaitable ; une accoutumance à la cruauté, avec l’installation de passivité et d’apathie.<br /> <br /> Les enfants témoins de cruauté et de violence encourent un grave risque de reproduire, de normaliser et de justifier de telles conduites,
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