Avis de psychologues
Souvent, nos collègues psychologues ou psychiatres non francophones font des communications sur les potentiels effets nocifs du spectacle de la corrida chez les mineurs.
Ainsi l’analyse de Rodrigo Tenorio Ambrossi, psychologue, psychanalyste, spécialiste des enfants et des adolescents, rédigée en novembre 2009 à l’intention du CNNA (Consejo Nacional de la Niñez y Adolescencia, le conseil national de l’enfance et de l’adolescence) de l'Équateur.
Ou celle de Vítor José F. Rodrigues, docteur en psychologie, professeur à l'Université de Lisbonne, rédigée en 2012.
Ou celle de Marillanos Reolid Rodenas (2012), spécialiste des disciplines socio-éducatives, présidente-fondatrice de la Société Espagnole contre la Violence, à propos du retour des retransmissions de corridas sur la chaine télévisée publique espagnole.
Ou encore les divers articles et revues de la littérature, depuis des années, de Núria Querol i Viñas, praticienne hospitalière et enseignante à l'université de Barcelone, fondatrice du Groupe d'Étude de la Violence envers les Hommes et les Animaux.
Malheureusement, nous ne disposons pas toujours des traductions de ces textes.
Cependant, grâce à des correspondant(e)s polyglottes, nous vous proposons la traduction de trois communications datant de ces derniers mois.
Ces trois communications ont vu le jour dans le cadre de l'Initiative Législative Populaire espagnole visant à déclarer la corrida Bien d'Intérêt Culturel.
Il s'agit de :
- L'audition de María Vicenta Vaquer Martí à la Chambre des députés espagnole, le 10 juillet 2013. Elle est psychologue scolaire et est intervenue en tant que représentante de l’Association de Professionnels pour le Défense des Animaux (PRODA), qui regroupe des psychologues, des enseignants et des éducateurs.
- L'article de Concepción Fernández Villanueva, chef du département de Psychologie sociale de l'université Complutense de Madrid, mis en ligne le 17 septembre 2013.
- La lettre de Kenneth Shapiro, psychologue américain et rédacteur en chef de la revue Society & Animals, signée de 140 scientifiques et universitaires, adressée le 11 septembre 2013 aux députés espagnols.
Rappelons le contexte :
* Suite à la suppression de la corrida en Catalogne votée en juillet 2010, les partisans de la corrida entreprennent de rassembler 500 000 signatures dans le cadre de ce qu'on appelle une Initiative Législative Populaire (ILP), afin de protéger la corrida en la déclarant "Bien d'Intérêt Culturel".
* En mars 2012, cette ILP est transmise à la Chambre des députés espagnole, puis validée et enregistrée.
* En février 2013, la Chambre des députés vote en faveur de la prise en considération de cette ILP, qui entre donc dans le circuit législatif.
* Du 10 au 12 juillet 2013, la Commission culturelle de la Chambre des députés auditionne dix experts (dont Vaquer Martí).proposés par les différents groupes politiques
* Puis, jusqu'à début octobre, les différents groupes politiques déposent leurs amendements. C'est en septembre qu'est mis en ligne l'article de Concepción Fernández Villanueva et qu'est envoyée la lettre ouverte de Kenneth Shapiro.
* Le 2 octobre 2013, l'ILP est adoptée par la Commission culturelle de la Chambre des députés, puis transmise à la Commission culturelle du Sénat.
* Le 31 octobre, elle est approuvée par cette dernière, puis le 6 novembre elle est adoptée en séance par le Sénat.
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NB 1 : Signalons qu'à chacune des étapes ci-dessus évoquées, cette ILP n'est passée qu'avec l'appui du Partido Popular (PP), la droite majoritaire (et d'un autre parti minoritaire de droite, l'Union du Peuple Navarrais).
Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), principal parti de gauche, s'est abstenu au nom de sa politique "ni promouvoir, ni interdire".
Les partis plus à gauche ont voté contre.
NB 2 : Suite à un amendement présenté part le PP lui-même fin septembre, pour des raisons juridiques incontournables, la "tauromachie" est déclarée non plus "Bien d'Intérêt Culturel", mais "Patrimoine Culturel". Il s'agit d'une reconnaissance *symbolique*, certes fâcheuse, mais sans les conséquences pratiques contraignantes que visaient les initiateurs de l'ILP (même si le texte prévoit un plan national de protection et de promotion de la corrida, et sa candidature à l'Unesco pour la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité).