«Ferdinand» le taureau

Publié le par PSY

Ce 20 décembre 2017 sort sur les écrans français un dessin animé intitulé Ferdinand, racontant l'histoire d'un taureau qui n'a pas du tout envie de cavaler dans une arène.

 

Ferdinand est donc un taureau normal, bref, un taureau manso, comme disent les aficionadeaux dans leur jargon hispanique.

Manso veut dire domestiqué, docile, placide, opposé à bravo, indompté, agressif, offensif, et est employé dans le langage taurin au sens de lâche, couard. Au  temps où les aficionadeaux assumaient ouvertement leurs pulsions sadiques, les toros mansos étaient punis dans l’arène par les "banderilles de feu".

 

Ferdinand est un taureau genre Fadjen, le taureau élevé par le Breton Christophe Thomas, qui va avoir 8 ans dans deux mois et n'a encore encorné personne, au grand dam des aficionadeaux !  

D'ailleurs Christophe Thomas salue la sortie de ce film. Il a été contacté par la société de production, dont l'attention avait été attirée par les similitudes entre Ferdinand et Fadjen. Du coup il a mis en ligne une bande annonce intriquant fiction et réalité.

[Addendum le 21/12/2017] : Fr3 Bretagne relève avec pertinence ces similitudes, et confirme que les producteurs du film ont pris contact avec Christophe Thomas.

 

Ce film est basé sur le livre pour enfants L'histoire de Ferdinand (1936), le livre le plus célèbre de l'auteur américain Munro Leaf.

 

Il y avait déjà eu un court dessin animé tiré de ce livre en 1938, Ferdinand the Bull, par les studios Disney, qui avait même à l'époque remporté l'Academy Award du meilleur court métrage animé.

 

 

Ce livre et ce film, sortis peu avant ou pendant la tragique Guerre civile espagnole, avaient donné lieu à diverses analyses politiques contradictoires. Mais c'est une autre problématique.

 

Pour les hispanophones, on peut consulter une comparaison entre le court métrage de 1938 des studios Disney, et le long métrage de 2017 de Blue Sky, la filiale de cinéma d’animation de 21th Century Fox : Ferdinand el toro 2017 vs Ferdinand el toro 1938.   

 

Ceci démontre en tout cas une chose : si les studios Blue Sky produisent un film où le taureau est le héros et où la corrida est fustigée , c'est qu'ils ont bien senti l'air du temps...

 

 

Mais nous entendons déjà les aficionadeaux s'égosiller contre la « disneyfication » du monde !

 

Ah, les chers zamateurs de corrida, avec leur inlassable jactance contre la pensée disneyfiée, leur inaltérable clabauderie contre le monde des bisounours, leur sempiternelle ritournelle contre la société bien-pensante, leur inépuisable babillage contre la civilisation aseptisée !

 

Ils se la jouent aventuriers du monde moderne au motif qu'ils vont poser leurs fesses sur les gradins et, les mains sur la bedaine, contempler du charcutage de ruminants. Il y en a même qui se risquent dans le callejón, on est de la partie ou pas, et même qui se la pètent cowboys du Far-South en allant visiter, suprême audace, les bovinés dans les ganaderías.

 

Mais pourquoi en restent-ils là ?!?

 

Je les conjure de laisser leurs âmes de risque-tout assouvir leur vrai de vrai besoin d'aventure, de laisser exploser leur damnée lassitude des prohibitions, de montrer aux bobos des villes qu'ils ont des cojones.  

 

Amis aficionadeaux, ne vous laissez plus brider par ce monde de bisounours : allez faire de l'escalade à mains nues en Afghanistan, élancez-vous pour un tour de Syrie en Harley, partez pour une croisière en solitaire entre la Somalie et le Yémen, organisez-vous un circuit camping dans le Soudan du Sud !

Vous pourrez en profiter pour expliquer aux locaux la chance qu'ils ont d'échapper au nivellement lénifiant de notre société édulcorée. Et leur proposer d'échanger vos places.

On vous regrettera, si si !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
Vive Ferdinand! Longue vie à Ferdinand ! Et au dodo les aficionadeaux.
Répondre